La crème, Souviens-toi

Hier, pourquoi hier justement, alors que le temps prête à rire et que le ciel est dégagé ?

Hier, J’ai retrouvé une trousse oubliée ….Une trousse de beauté, aplatie, sa doublure en plastique raidie par l’absence de mains fines qui le caressent, punie sans nul doute de n’avoir su plaire durablement, victime d’une mode dépassée, une trousse tristounette donc, coincée entre l’étagère et le mur, pitoyable chauve-souris repliée .
A l’intérieur, un tube de crème de soin pour le visage.

L’odeur des souvenirs est plus vraie que la réalité

Ce tube, vert pâle, vert pâme…J’ai un peu froid à l’estomac….
Je dévisse le bouchon, et soudain, comme un génie malin, esprit chagrin, en un tournemain l’Odeur qui s’y tapissait, jaillit et m’enveloppe …
Les effluves indicibles s’élèvent en volutes légères, mais si lourdes pourtant…
Cet arôme, couvé si longtemps, trois longues années, dans le nid d’une l’âme duveteuse, bien au chaud, explose d’autant plus fort qu’il était comprimé comme ma respiration.
Il éclate, il transpire…

L’odeur des souvenirs est plus vraie que la réalité
Elle exhale des senteurs renforcées, saupoudrées d’amertume et d’exaltation.

Une nouvelle marque. De qualité. Que j’avais humée avec délices dans la parfumerie. Qui devait faire des merveilles de rajeunissement. Elixir d’amour…Je me l’étais achetée pour qu’il me dise que ma peau était la plus douce du monde, « c’est incroyable comme tu as la peau douce mon amour, tu l’as toujours eu, quoi que tu fasses, ces laits n’y changeront rien, tu es la douceur » .
Pour notre long week-end, un vrai week-end de deux jours, le premier vrai, sans se cacher, tout à nous deux. Nous deux….
Je l’ai utilisée avant son arrivée, je n’ai plus eu le loisir de me retartiner le visage, ses bras d’amour m’en empêchaient, oh oui, ses bras… sa peau aspirait la mienne et nos émanations mêlées
Puis la crème s’est liquéfiée, mélangée aux grandes salines de mes larmes répandues en longs sillons sur mon corps, et mon cœur s’est noyé dans ce remugle….quand il est parti.

Ce parfum de douleur qui m’assaille….…cette fragrance délicate…en transe…cette divagation, si suave, de ton amour pour moi, s’est répandue. Je la flaire, l’aspire, l’avale par mes vibratiles titillés. Et je pleure de revivre aussi intensément notre amour toujours vivant que je ne peux oublier…
Mal…si mal…

L’odeur des souvenirs est plus vraie que la réalité

Eve de Laudec
10 août 2010

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