Mes chers amis,
Je pars
Je vous aime mais je pars
Vous ne me verrez pas
Demain
Je n’fuis pas je m’envole
Pour une playa del sol
Pour une île sans bémol
J’m’envole
Au matin je préparerai mon gros sac
Empli de victuailles qu’on ne trouve pas là-bas
Et de quelques présents à l’odeur de l’hiver
Pour mes lointains petits que je vais retrouver
L’avion n’attendra pas ou l’heure est à l’envers
Un voyage bien long inconfortable éco
Enfin la réunion qui porte bien son nom
Se mérite dit-on
Entre pagnes et maillots je dépose l’ordi
Ne rien couper d’avant garder le peu d’hier
Et de nous et de moi et de vous et le froid
Continuer à écrire sous un ciel cérulé
Dans un autre joyeux
Pour un temps, un long mois,
Temps de me rassembler, d’apaiser les démons
De coller mes morceaux
Au bord de la ravine je poserai mes peurs
Revivrai souvenirs sûrement forcément
Surtout oh oui surtout
N’en garder que le doux le tendre et lumineux
Faire provision d’ylang et de frangipanier
Respirer le cratère
Sous les palmiers bouteille
S’engorger de soleil au goût de rhum vanille
Embrasser les couleurs des paroles créoles
Et l’océan à plumes et les rêves d’espoir
Et le vent dans les feuilles de l’arbre voyageur
Et la tendresse du fils si loin et trop longtemps
Je garde de la place dans ma malle cabine
Pour le voyage retour
Mettre chaleur en poche quelques dents de requin
Emmitoufler les mangues encercler le piment
Garder un souvenir de rougail sur les doigts
Cacher la pierre lave vous envoyer peut-être
Les émois d’un direct qui fleurera le rire
Je ne sais rien d’avance, je coulerai le temps
Mes chers amis, je pars
Vous m’oublierez un peu
Racontez mon absence
J’m’envole
Si je restais là-bas ?
Trop d’attaches en mon corps
Mon coeur en carambole
En vol
Je reviendrai
Eve de Laudec
4/1/15