Six kilos cinq cents grammes Le poids de notre histoire
Le poids de nos toujours Le poids de ce grimoire
Trois rames de papier plus quelques feuilles éparses
Le premier aveu fou était au mois de mars
Mille cinq cent douze Aquatres pour unique témoin
Tant de conversations à brûle et sans pourpoint
Tant des courriers m’ailés caressant nos instants
Que l’Amour insupporte de les cacher au temps
Missives de profundis de passion indicible
Orchidées déraison lancées sur papier-cible
Emoi et toi liés et le cœur de travers
A visage caché et à mot découvert
Lettres mouillées si lourdes sous les pluies diluviennes
De se quitter un jour faut-il qu’on s’en souvienne
Babillardes du jour pour écraser l’absence
Au crépuscule aussi douce correspondance
Billets hurlés en vain le cœur tranché à cru
D’amour écarquillé que tu n’as pas reçus
Epître selon Saint-Jacques en relais composé
En d’éternelles pages sans cesse recommencées
Une prose lancée en vers et contre tous
Est-elle un témoignage appel à la rescousse
Un souvenir saignant d’une vie inachevée
Qui ne peut s’enmourir tant il est bien rivé
Amour mon cher amour à toi je les dédie
Ces feuillets trop brûlants de nous de nos écrits
Ce sont mes Belles-Lettres même si l’Académie
Jamais ne les découvre ni jamais ne les lit
Eve de Laudec
10 septembre 2010
Extrait du recueil Crilence, Chum Editions 2013